Mansplainer le patriarcat

Aujourd'hui, on va parler d'un truc que pas mal de mecs pensent connaître mais probablement pas tout à fait : le patriarcat. 

Ouais je sais, je suis un homme et je parle du patriarcat, j’aime le risque, j’aime le danger… en fait pas du tout, mais des fois les hommes écoutent que quand c’est un homme qui parle donc je tente en m’adressant à mes confrères masculins.

Le patriar..quoi ?

Alors les gars, vous vous dites sûrement : "Le patriarcat ? C'est un truc inventé par des féministes hystériques ça, moi je suis pas concerné par ce combat".

Et bah laissez-moi vous dire que vous avez tout faux, mes petits alpha-loups.

Le patriarcat, c'est comme l'air qu'on respire : même si on le voit pas, il est partout autour de nous. C'est le système d'exploitation de base de notre société. Même si vous avez l'impression d'avoir installé la dernière mise à jour "Égalité 2025", le gros du code source reste le même.

Vous pensez peut-être à l’inverse que le patriarcat est un concept has-been datant des années 50-60, qu’on l’a laissé derrière nous en mai 68 au profit d’un système plus égalitaire, abandonné définitivement dans le passé comme un vulgaire walkman ou un minitel ?

Mais détrompez-vous : le patriarcat, c'est resté, à la manière des appels et des SMS toujours présents dans nos smartphones !

Alors bien sûr, vous allez me dire : "Mais oh Phil, je suis pas misogyne, moi, je respecte les femmes, moi !". C'est gentil ça, Michel. Mais outre que ta définition du respect est probablement discutable, que ta vision de la femme est probablement filigrannée d’une forme de condescendance, t’es arrivé à ramener le débat à toi 2 fois en une phrase et enfin, est-ce que tu veux une putain de médaille parce que t'as aussi arrêté de cracher par terre et de te gratter les couilles en public ? Vraiment ?

Parce que le truc assez perfide, c'est que le patriarcat, c'est pas juste être un gros beauf qui pense que les femmes doivent rester à la cuisine. Si c’était le cas, ça serait plus évident à combattre.

Le patriarcat, c'est tout un système sociétal qui favorise les hommes, même quand on ne s'en rend pas compte. C'est comme ces musiques d'ascenseur : c’est en fond et ça vous pourrit le cerveau sans que vous vous en aperceviez.

Un système injuste

En tant qu’homme, nous profitons des avantages du patriarcat comme on profite de l'électricité : sans vraiment savoir d'où ça vient, mais en consommant à fond. Et comme pour le nucléaire, tant qu'on aura pas eu notre catastrophe bien de chez nous, on continuera à penser que c'est pas un problème, tout en jugeant les pratiques des autres pays.

Prenons quelques exemples concrets, histoire que vous compreniez bien que vous êtes concernés, même si vous pensez être le mec le plus progressiste de la terre.

Au travail

Vous avez peut-être l'impression que tout le monde est traité de la même façon ? Mais ouvrez un peu les yeux, bordel ! Qui est-ce qu'on interrompt le plus souvent en réunion ? Qui est-ce qu'on écoute avec le plus d'attention ? Qui va prendre des notes pour tout le monde ? Je vous le donne en mille : c'est pas Jean-Eude.

Et quand une femme s'énerve au taf, elle est hystérique (ou elle a ses règles). Quand c'est un mec, il est passionné. Quand une femme est directe, elle est agressive. Quand c'est un mec, il a du leadership. Quand une femme veut progresser dans la hiérarchie, les rumeurs courent qu’elle a convaincu le patron de manière "extra-professionelle". Quand c’est un homme, on va dire que c’est un requin, ou toute autre comparaison d’animaux prédateurs. Vous voyez le tableau ?

Dans la vie personnelle

Qui c'est qui se tape/initie la majorité des tâches ménagères, même dans les couples soi-disant modernes ? Qui c'est qui gère la charge mentale, vous savez, ce truc chiant où faut penser à tout, anticiper les choses, organiser ? Allez, soyez honnêtes avec vous-même deux secondes.

Dans la rue

Vous, les mecs, quand vous rentrez seul tard le soir, votre plus gros souci c'est de pas gerber sur vos pompes. Les nanas, elles, ont peur de se faire agresser. Elles changent de trottoir, elles font semblant d'être au téléphone, elles marchent plus vite… Quand elles n'arrivent pas à éviter cette situation, tout simplement. Vous avez déjà fait ça, vous ?

Dans les rencontres

Hé, les gars, c’est quoi votre plus grande peur au premier rendez-vous avec une inconnue ? Bah elles, c’est de se faire BUTER. Cherchez pas, vous pouvez pas vous comparer.

Dans les loisirs

Même là, le patriarcat est présent, subtil, perfide. Combien de fois on entend "elle joue bien... pour une fille" ? Que ce soit au foot, aux jeux vidéo ou même aux échecs, y'a toujours cette putain de condescendance.

Dans la culture

Ne me lancez pas sur la culture... Combien de films passent le fameux test de Bechdel ? Vous savez, ce truc tout con où il faut juste deux nanas qui parlent d'autre chose que d'un mec. Spoiler alert : pas beaucoup. Et ce n'est qu'un exemple simple d'une représentation éhonté d'une place que la femme devrait respecter... selon des hommes.

Comment lutter contre ?

Alors vous allez me dire : "Mais Phil, c'est pas ma faute tout ça !". Non, c'est vrai. Vous avez pas choisi de naître dans une société patriarcale. Mais maintenant que vous le savez, vous avez le choix de perpétuer le système ou de le remettre en question.

C'est comme quand vous découvrez que votre marque de fringues préférée utilise du travail d'enfants ou que votre marque de cosmétique fait des tests dans les yeux des animaux vivants. Vous pouvez faire semblant de rien et continuer à acheter, ou vous pouvez dire "niquez-vous", leur faire un doigt d’honneur et changer vos habitudes.

Alors les mecs, au lieu de faire comme si le patriarcat n'existait pas, pourquoi ne pas essayer de le combattre ? Ça serait l'occasion de faire un vrai cadeau à celles (et ceux) que vous aimez, et pas juste un truc qui brille, emballé dans du papier qui tue des arbres.

Commencez petit : la prochaine fois qu'un pote fait une blague sexiste, dites-lui que c'est pas cool (même si vous avez pouffé, on est pas parfaits). Quand vous voyez une femme se faire couper la parole en réunion, intervenez pour faire remarquer l’indélicatesse. Faites la vaisselle SANS qu'on vous le demande, et remplissez la liste de courses, bordel ! 

Et plus subtil : ne faites pas ça “pour l’aider”, faites-le “parce qu’il faut le faire”. Ouais c’est compliqué à imaginer, mais vous y viendrez naturellement.

J’ai pas dit que ça sera facile hein, forcément on a l’habitude d’être dans de monde plein de coton où d’autres humains prennent soin de nous.

Et très important aussi, écoutez les femmes quand elles parlent de leurs expériences. Ne minimisez pas, n'essayez pas de leur expliquer leur propre vécu. Juste… Commencez par fermer votre gueule pour une fois et écoutez vraiment. Sensation de vertige et boule au ventre garantie, je vous préviens.

Ne vous défendez pas lorsque vous écoutez, le patriarcat, c'est comme une mauvaise habitude, comme combattre une addiction : Vous n’êtes pas totalement responsable de la situation, c'est dur à perdre, mais une fois qu'on s'en débarrasse, on se sent vachement mieux. Et toute la société avec.

Vous doutez de la véracité de ce que je vous raconte ? 

Et bah mes petits alpha-loups, accrochez-vous à vos slips parce que vous êtes pas prêts à la réalisation qui vous attend lorsque vous vous rendrez compte lors de vos écoutes à quel point vous dépendez des femmes dans votre quotidien sans même vous en rendre compte.

Mais attendez les gars, avant que vous ne partiez en courant en pensant que je veux vous castrer et brûler vos caleçons, laissez-moi vous expliquer un truc : vous aussi, vous avez tout à gagner dans une société non patriarcale. Ouais, vous avez bien entendu, il y a des efforts à faire, mais il y a aussi une récompense à la clef. 

Mieux, s’approprier des récompenses fait partie des changements à appliquer. C’est pas génial ça ?

Ce n'est pas toujours rose pour les hommes

Mais vous pensez peut-être que le patriarcat, c'est tout bénef pour vous ? 

Que c'est comme avoir un abonnement premium gratos à vie ? 

Mais en réalité, c'est plutôt comme avoir un abonnement à une chaîne qui ne diffuse que du catch, du foot et du porno 24/7. Au début c'est peut-être cool, mais au bout d'un moment, ça devient chiant et limitant.

Alors, qu'est-ce que vous pourriez gagner dans une société non patriarcale ? 

Voici un top 10 :

1 - La liberté émotionnelle.

Vous savez, ce truc dont on vous a privé depuis que vous êtes petits avec des phrases comme "un homme, ça pleure pas", “les films romantiques c’est pour les filles”. Dans une société non patriarcale, vous pourriez enfin exprimer vos émotions sans qu'on vous traite de tapette (bientôt un article sur les liens entre l’homophobie et le patriarcat ?^^). 

Vous pourriez pleurer devant Titanic sans honte, dire "je t'aime" à vos potes, ou avouer que vous avez peur sans qu'on remette en question votre virilité. Ça serait pas mal, non ?

2 - Moins de pression

Le patriarcat, c'est aussi ce truc qui vous dit que vous devez être forts, dominants, avoir du succès, gagner plein de thunes, être un étalon au lit... C'est épuisant, non ? Dans une société égalitaire, vous pourriez juste être vous-mêmes, sans avoir à prouver constamment que vous êtes un "vrai mec".

3 - De meilleures relations

Avec les femmes, bien sûr, parce qu'elles ne seraient plus vos adversaires ou vos trophées, mais vos véritables partenaires et/ou amies. Mais aussi avec les autres hommes. Imaginez pouvoir avoir des amitiés profondes, émotionnellement riches, sans cette compétition constante ou cette peur d'être perçu comme "gay" (faut vraiment que je fasse cet article ou c’est assez évident ?).

4 - Une meilleure santé mentale

Vous saviez que les hommes ont un taux de suicide beaucoup plus élevé que les femmes ?

C'est en partie parce que le patriarcat vous apprend à tout garder pour vous, à ne pas demander d'aide. Dans une société non patriarcale, vous pourriez enfin prendre soin de votre santé mentale sans honte.

5 - Une paternité plus épanouie.

Le patriarcat, c'est aussi ce truc qui vous dit que s'occuper des enfants, c'est un truc de gonzesses. Résultat ? Vous passez à côté de moments incroyables avec vos gosses. Dans une société égalitaire, vous pourriez pleinement profiter de votre rôle de père, sans qu'on vous regarde de travers ou presque pire : qu’on vous encense au moindre geste au lieu de vous y avoir préparé.

6 - Plus de choix de vie

Vous voulez être sage femme ? Danseur ? Homme au foyer ? Dans une société non patriarcale, vous pourriez choisir n'importe quelle carrière sans qu'on remette en question votre masculinité ou votre sexualité.

7 - Une meilleure sexualité

Le patriarcat, c'est aussi ce truc qui vous dit que vous devez toujours être partants, toujours performants, avec un zizi bien gros et bien dur. C'est chiant, non ? Dans une société égalitaire, vous pourriez explorer votre sexualité sans pression, pouvoir dire non quand vous n'avez pas envie sans être jugé ou rejeté, et avouer vos insécurités sans honte.

8 - Moins de violence

Parce que oui, le patriarcat, c'est aussi ce qui pousse certains hommes à la violence pour prouver leur virilité. Dans une société non patriarcale, vous n'auriez plus besoin de vous battre pour prouver que vous êtes un "vrai mec". Et je parle ici de se battre aussi bien physiquement que verbalement. Combien de conflits se règlent en élevant la voix ou à coup de menaces verbales ?

9 - De meilleures lois

Vous trouvez ça normal que dans un divorce, ce soit presque toujours la mère qui ait la garde des enfants, même dans des cas discutables ? Que les hommes aient moins de congés parentaux ? C'est ça aussi, le patriarcat. Une société égalitaire, ça veut dire des lois plus justes pour tout le monde.

10 - La liberté

C'est peut-être le plus important : la liberté d'être qui vous voulez vraiment être. Sans avoir à correspondre à un idéal masculin toxique (et irréaliste). Sans avoir à prouver constamment votre valeur en l’évaluant en tant qu'homme. Parce que par exemple les gels douches tout doux qui sentent les fruits, c’est vachement plus sympa que les essences musquées à l'écorce de pin ou autre truc énergisants. 

"C'est pas facile !"

Oui, combattre le patriarcat, ça demande des efforts. Ça veut dire remettre en question vos privilèges, vos comportements, vos croyances. Ça peut faire peur, c'est sûr, comme tout changement c’est un peu inquiétant. Mais pensez-y comme à un investissement : à court terme, ça peut sembler coûteux, mais à long terme, les bénéfices sont énormes pour toustes.

Et vous savez quoi ? Ça ne veut pas dire que vous devez devenir une caricature de mec hyper-sensible qui passe son temps à faire du yoga, regarder des comédies romantiques en buvant des smoothies roses avec du vernis à paillettes sur les ongles (même si c’est super sympa le vernis). 

Vous pouvez toujours aimer le foot (ou pas), boire des bières (avec ou sans alcool, ou pas) avec vos potes (hommes et femmes) en faisant des blagues de cul, et apprécier un bon steak (ou pas). L'idée, c'est juste que vous puissiez faire VOS choix SANS que ça définisse toute votre identité, votre valeur, évaluée sur l’échelle de la masculinité.

Imaginez un monde où vous pourriez être vulnérables sans être faibles, forts sans être dominants, sensibles sans être jugés. Un monde où vous pourriez être simplement... vous-mêmes. Ça serait pas mal, non ?

Alors les gars, vous êtes prêts à rejoindre la lutte contre le patriarcat ? Pas pour faire plaisir aux féministes, pas pour vous faire pardonner d'être nés avec une paire de couilles, mais pour vous-mêmes. Pour votre propre liberté, votre propre bonheur.

Mais ça vaut le coup !

Parce que au final, le patriarcat, c'est comme une camisole de force invisible : on s'y est tellement habitués qu'on ne la sent même plus. Mais une fois qu'on s'en libère, on réalise à quel point on était contraints.

Alors, vous êtes partants pour cette aventure ? Ça ne sera pas facile, ça ne se fera pas du jour au lendemain. Mais je vous promets que ça en vaut la peine. Pour vous, pour les femmes de votre vie, pour vos enfants, pour toute la société.

Et qui sait ? Peut-être qu'un jour, on regardera en arrière et on se dira : "Putain, comment on a pu vivre comme ça pendant si longtemps ?" En attendant, à vous de jouer les gars. Le changement commence maintenant, et il commence avec chacun d’entre nous.